L’exemple des renouées du Japon

 

Les renouées asiatiques (dites aussi « renouées du Japon) sont des plantes herbacées vivaces et géantes. Dans leur aire naturelle en Asie du Sud Est, elles vivent le long des cours d’eau en lisière des ripisylves et des forêts et sur les pentes des volcans et ce sont des espèces pionnières qui vivent parmi d’autres plantes sans proliférer. De nombreux insectes la consomment (près de deux cent espèces). Elles ont été rapportées en Europe au cours du 19ème siècle.

C’est un chirurgien bavarois dépêché au Japon par une compagnie hollandaise, Philipp Franz von Siebold (1796-1866), qui rapporte parmi ses nombreux échantillons de plantes récoltées sur place, des renouées du Japon (l’espèce Fallopia japonica). Il crée une société d’horticulture à Leiden aux Pays-Bas, et dans son premier catalogue de vente de 1848, les renouées sont vendues pour la somme très élevée alors, de 500 francs. Mais dès 1856, leur valeur s’est très fortement dépréciée (6 francs) car elles sont très faciles à multiplier. C’est probablement les descendants directs de cette plante reproduits par multiplication végétative, qu’on retrouve maintenant un peu partout en Europe.

Une autre espèce de renouée asiatique (Fallopia sachalinensis) a été introduite peu de temps après celle de Siebold . Au contraire de cette dernière, dont seuls des plants « femelles » ont été rapportés par Siebold puis reproduits de façon végétative, les deux sexes des renouées sacchalines ont été introduites et reproduites probablement aussi par graines.

Le croisement de ces deux espèces introduites donne des hybrides (Fallopia x bohemica) stériles pour la plupart.

Les renouées asiatiques se comportent en invasives là où elles ont été introduites, en éliminant les autres plantes et en transformant les milieux naturels. C’est l’intensité des déplacements de fragments de tiges aériennes ou souterraines par les crues le long des rivières, ou par les activités humaines sur tout le territoire, qui expliquent la plus ou moins grande rapidité d’invasion d’un nouvel espace.

Les renouées ont de très fortes capacités à se régénérer à partir d’un moindre fragment végétal et de très grandes capacités à exploiter et recycler les ressources minérales et hydriques des sols. Les racines des renouées sont notamment très puissantes et descendent profondément dans le sol.

Toutes ces caractéristiques expliquent que les renouées asiatiques s’installent très facilement sur tout type de sols et qu’elles soient très difficiles à éliminer dès que les plants ont quelques années. C’est pourquoi aussi les renouées asiatiques sont classées dans le TOP100 mondial des espèces invasives.

Fallopia japonica Fallopia x bohemica Fallopia sachalinensisFleurs de renouées asiatiques (plants "mâles") apparaissant en fin d'été.Fleurs de renouées asiatiques (plants "femelles") apparaissant en fin d'été.Invasion par les renouées asiatiques - bord de l'Isère

 

Sources bibliographiques :

  • Bailey, J. (2010). Opening Pandora’s seed packet. The Horticulturist. avril 2010: 21-24.
  • Bailey, J. (2003). « Japanese knotweed s.l. at home and abroad. » Plant invasions : Ecological Threats and Management Solutions: 183-196.
  • Bailey, J. and A. P. Conolly (2000). « Prize-winners to pariahs – A history of Japanase Knotweed s.l. (Polygonaceae) in the British Isles. » Watsonia 23: 93-110.
  • Shaw, R. H. (2009). « The life history and hoste range of the Japanase knotweed psyllid, Aphalara itadori, Shinji : Potentially the first classical biological weed control agent for the European Union. » Biological Control 49: 105-113.