Les invasions biologiques constituent désormais l’une des principales menaces sur les écosystèmes. Les plantes exotiques envahissantes (ou plantes invasives) peuvent en effet altérer profondément les habitats naturels en les transformant, générer de fortes contraintes lors des interventions programmées sur les espaces concernés, gêner certains usages ou avoir des effets sur la santé. Les espèces concernées sont très nombreuses.
Les renouées du Japon
Des échelles d’analyse adaptées aux objectifs de nos missions
Les inventaires cartographiques sont à la base de toutes nos réflexions pour orienter les maîtres d’ouvrage vers les meilleures solutions de gestion. Entre une étude à l’échelle d’un grand réseau hydrographique, où il s’agit de fixer les orientations de gestion par secteur et d’en estimer les coûts sur plusieurs années, et la préparation d’un dossier de consultation des entreprises pour réaliser des travaux, les méthodes d’inventaires ne sont bien évidemment pas les mêmes.
Des expertises locales
Qu’il existe ou non des stratégies de gestion, les besoins d’expertises locales restent souvent importants, notamment lors des opérations d’aménagement confrontées à des zones infestées : analyser les risques de dispersion de la plante, étudier les différentes solutions possibles pour les réduire, chiffrer les impacts économiques à court et moyen termes, .. sont désormais des questions fréquentes soulevées par les maîtres d’ouvrage et les maîtres d’œuvre en charge de l’aménagement du territoire. Une parfaite connaissance de la biologie de la plante, de ses impacts et des techniques existantes pour les gérer sont indispensables pour apporter des solutions concrètes.
Le rôle essentiel du maître d’œuvre lors des travaux d’élimination de la plante
Les techniques de gestion mécanique des renouées du Japon, sont très contraignantes, car la manipulation de terres infestées ou de déchets de coupe peut conduire à disperser massivement la plante. Ces chantiers sont aujourd’hui très originaux et ils nécessitent à chaque fois des adaptations pratiques aux différentes situations rencontrées. En bord de rivière, ils sont encore plus contraignants, car les accès sont très souvent compliqués et difficiles du fait de la présence du milieu aquatique. Le maître d’œuvre joue donc un rôle très important depuis la phase de conception du chantier, où il doit définir toutes les installations et les protocoles que devront respecter les entreprises de travaux, jusqu’à la réception finale et l’évaluation de la réussite du procédé mis en œuvre. Le maitre d’œuvre joue aussi un rôle de formateur des entreprises, car celles-ci sont encore peu nombreuses à avoir intégré ces nouvelles approches.
Les autres plantes invasives
Quelles espèces gérées de façon prioritaire ?
Il est difficile de déterminer des priorités de gestion parmi les nombreuses espèces exotiques envahissantes. Les listes d’espèces invasives établies à l’échelle de territoires très vastes (pays, région) ne constituent pas la réponse unique à cette question, car l’étendue du territoire considéré a une grande importance. Ainsi, toutes les espèces pourront être prioritaires pour un particulier entretenant un petit espace privatif, alors qu’il faudra bien fixer des espèces prioritaires pour un syndicat entretenant plusieurs centaines de kilomètres de rivières.
Plusieurs critères vont déterminer ces choix, et nous les avons rassemblés dans la notion de « stades invasifs », qui caractérise à la fois la fréquence et l’importance des espaces colonisés, et les possibilités de gestion pour contrôler les plantes. Cette expertise d’évaluation des stades invasifs s’appuie sur des inventaires cartographiques et sur une bonne connaissance de leur biologie et de leurs impacts.
Comment réaliser les inventaires cartographiques des plantes invasives ?
Le recensement des plantes invasives fait appel à une approche spécifique et différente des inventaires botanistes classiques. L’enjeu de ces inventaires n’est en effet ni de fournir des listes d’espèces présentes, ni de caractériser des habitats, ni d’apprécier les impacts locaux actuels, puisque la dynamique de colonisation des milieux par ces espèces est très rapide. Il s’agit en fait de réaliser des cartographies les plus précises possibles, qui indiqueront la localisation des zones infestées et leur surface, données indispensables au gestionnaire. Les prospections par échantillonnage ne sont pas non plus adaptées. Il peut en effet être plus important de détecter un début de colonisation, que de comptabiliser précisément tous les espaces infestés.
Quand les territoires sont très grands et devant l’impossibilité de faire des arpentages systématiques à pied avec des vitesses de prospections qui ne dépassent pas 7.5 ha/j, un compromis est alors nécessaire pour avoir une vision la plus exacte possible du territoire et réaliser de bons diagnostics orientant les futures actions de gestion. Ce compromis peut passer par un premier découpage du territoire en sous unités géographiques, dont certaines seront considérées comme prioritaires car les enjeux y sont potentiellement très importants ou parce que les moyens d’agir sont déjà en place.